× Ely' Braüns × [Finish !]

Miroir, comment suis-je ?

Certaines personnes apprécient ce que reflète d'eux un miroir, ils se sentent beaux, puissants, capables de mille et une choses. Mais il y en a d'autres qui se dénigrent complétement, se trouvant des défauts là où sont leurs qualités, ils s'imaginent trop gros ou trop petit, ils auraient aimé avoir un autre visage et pensent que cela pourrait changer leur vie. Elysabeth n'appartient ni à l'une, ni à l'autre de ces catégories. Quand elle croise son regard dans un miroir, elle ne se dit rien, car ce reflet ne représente rien à ses yeux. Elle a un corps d'être humain, elle est toute aussi banale que les personnes qu'elle croise. Point barre.

Mais nous, nous allons tout de même nous intéresser à elle. Oh, n'allez pas croire qu'elle a un physique de rêve. Ou plutôt, elle pourrait être séduisante, à la condition d'être un peu plus féminine. Prenons un seul exemple : sa démarche. Certes, en temps normal elle se déplace de manière légère, ses pas sont feutrés et son allure modérée. Mais dès qu'elle est un peu contrariée, Elysabeth traîne les pieds, shoote dans tout ce qui a le malheur de joncher le sol et elle voûte son dos en mettant ses mains dans ses poches. Pas très féminin, surtout si elle se met à jurer comme un charretier.

Son visage n'est guère enfantin. Ses traits sont plutôt marqués, et son sourire reflète souvent une pointe de sadisme. Ou peut-être que cette impression n'est due qu'à son regard assez étrange où se mêlent rose, rouge, violet et bleu. Ses yeux s'expriment peu, ils demeurent toujours très neutre et il est très difficile de les déchiffrer. Chapeau bas à celui qui y arrive : soit il est doué, soit il est complétement idiot de croire que la jeune femme possède des sentiments. Mais nous en reparlerons plus tard, continuons discrètement à la détailler. Je dis bien discrètement, il ne faudrait pas qu'elle s'enfuit. C'est un spécimen tellement bizarre !

Pour sûr, regardez sa chevelure. Soyeuse, très longue et légère au point de flotter derrière elle à chacun de ses pas. Mais elle est blanche, irrémédiablement blanche. Elysabeth a maintes fois essayé de la teindre de manière moins voyante, mais aucune couleur ne tenait. Allez savoir pourquoi... Enfin, il y a tellement de choses étranges ici, ça n'en fait toujours qu'une de plus. Ses cheveux lui arrivent au niveau des genoux, et elle ne les attache jamais. Disons qu'elle a horreur de les sentir entravés, même une simple queue de cheval lui est insupportable. Donc, petit conseil gratuit si vous tenez à votre précieuse vie : ne lui agrippez jamais les tifs, vos doigts partiraient en rondelles comme de vulgaires saucissons, et vous avec bien sûr.

Vous allez me dire qu'Elysabeth se vêt de manière plutôt spéciale, et vous avez tout à fait raison. Une chemise blanche entrouverte laisse apercevoir la naissance d'une poitrine de taille raisonnable - il y a de quoi toucher, mais rien d'extraordinaire non plus - et cette dernière est entourée de bandages blancs en guise de soutien-gorge. Elle porte par dessus un long manteau bleu marine, faisant penser à une sorte de veste d'uniforme, ainsi qu'un jabot blanc qui cache la coquine ouverture de sa chemise. Au niveau de la ceinture, vous trouverez un petit short noir assez moulant, surtout que la demoiselle possède un petit fessier bien ferme et assez rebondi, idéal pour amortir les chutes ; ce short se trouve être retenu par une ceinture noire avec une boucle en métal anodine. Ses jambes sont recouvertes des orteils à mi-cuisses par de grandes bottes blanches à lacets.

Vous remarquerez ensuite, si vous voulez bien reposer un œil sur la jeune femme, qu'elle n'est plus là où nous l'avons laissé et qu'elle nous a démasqué. Ce qui est parfait puisque nous allons avoir le loisir d'examiner de plus près ses armes. Regardez donc cette petite lame qu'elle vient de plonger dans mon ventre : un joli poignard dont le manche est plutôt bien travaillé. Elle s'en sert lors des petits combats sans importance. Pour ceux qui durent, elle dégaine d'un geste expert le katana qu'elle porte accroché à sa ceinture. Observez également la cicatrice qui orne sa joue droite, la seule visible puisqu'elle cache les autres avec ses bottes et avec des manches longues.

Bien, vous avez des questions ?

...

Oui, vous pouvez essayer de lui échapper.

Je sors d'un asile...ou pas

Moi ? Asile ? Mais bien sûr que non ! On n'a jamais réussi à m'y enfermer, voilà tout ♥

Trêve de plaisanteries douteuses. Quoique, ce genre d'ironie macabre me colle facilement à la peau. Rire de ce dont il ne faut pas ? Toujours à gorge déployée, quitte à choquer Wonderland entier ! Votre malheur est pour moi source de bonne humeur, plus vous souffrez, mieux je me porte en vous voyant. Une vieille femme qui a fait tomber son sachet de course ? Je la fixe en train de peiner, ou bien je m'amuse à la pousser et à la rouer de coup. C'est si amusant. Un gamin qui courre, tombe et se tord la cheville ? Je la lui retourne encore plus. Qu'importe les cris, les supplications, je n'ai parfois aucun état d'âme. Ou plutôt, j'ai fini par ne plus en avoir.

Je suis folle, mais pas tout à fait à lier, je sais encore bien me tenir face à des personnes haut placées. C'est la Folie de ce monde qui a fait de moi ce que je suis : elle m'a cueilli très tôt et ma façonnée entre ses mains épineuses et tordues. Et voilà le résultat : un être joueur et dénué de toute émotion véritablement positive. Je n'ai donc pas vraiment de relief, ne sachant m'exprimer qu'avec la violence, la colère et la haine. Des remords ? Je les ai balayés il y a belles lurettes, quand la dureté de la vie m'a frappée en plein visage. Mais n'allez pas croire que je suis incapable de pleurer. Mais ce ne sont pas des larmes de tristesse. Ça coule, sur mes joues, sans raison évidente. Mais ça coule quand même.

Joueuse. Je me répète un peu, mais c'est ce que je suis. Un peu à l'instar du chat qui s'amuse avec une souris, j'aime poursuivre mes proies et les torturer lentement, entendre leurs os craquer un par un, voir leur visage se tordre de douleur, sentir leurs odeurs d'abandon et toucher leur peau trempée par des suées froides ou devenue visqueuse sous le flot de leur précieux liquide intérieur.

Et là, vous devez sans doute vous dire : " mais une folle pareille doit se repérer à des kilomètres ! " Apprenez que non mes chéris. Je sais parfaitement stopper mes envies de meurtre et me conduire comme une citoyenne exemplaire. La Folie ne prend le dessus sur moi qu'une fois que je suis lancée dans une mission. En dehors, je suis un véritable petit ange. Très serviable, bien qu'un peu maladroite dans mes gestes et ma manière de converser. Je suis d'ailleurs d'une timidité affligeante.

Plutôt renfermée de nature, mon côté "pile" est extrêmement poli et amical. Mes passe-temps favoris ne sont plus la torture et la chasse - à l'homme bien évidemment - mais la lecture et la dégustation de thé. Je n'en demeure pas moins assez masculine car, bien que timide, je reste une éternelle révoltée, capable de monter au créneau contre un marchand qui essaye d'arnaquer ou contre un quidam qui me manque de respect. On dit que je peux être plutôt effrayante quand je m'énerve... Mais jamais au point de me laisser à la Folie. C'est clair et net, jamais en dehors des missions.

D'ailleurs, pour en revenir à ces missions, je ne suis certes pas une bonne manipulatrice - je n'aime pas devoir échafauder des plans à rallonge - , mais je sais jouer la comédie. Très utile pour berner la proie. Et je vais toujours au bout de mes missions, toujours.